COFFY, Jack Hill (1973)

« Now, Listen. My old man’s coming back any minute, and if SHE catches you here, she’s gonna wanna kick your ass! »

coffy_poster_01Starring Pam Grier, la panthère noire de Harlem, fauve sexué échappé de sa savane natale. Première actrice de couleur à tenir le haut d’une affiche, elle devient rapidement un étendard pour une communauté qui n’est alors que peu représentée dans le cinéma, et cantonnée aux rôles de femme de chambre ou de chair à canon.

Coffy est donc un film de blaxploitation. Non, non rien à voir avec un obscur mouvement sadomasochiste où seraient écartelés des individus de couleur en combinaison de cuir. C’est un film réalisé pour une audience black, urbaine et marginalisée. Un film réalisé par des blacks, dans un circuit bien loin du cinéma indépendant : ici la MGM est aux rênes. Les Afro-américains sont là, nombreux, n’ont souvent pas trop de dollars en poche, mais une place de ciné ça vaut moins cher qu’un Whopper (dans les années 70 évidemment). Voilà donc un vivier dense et des revenus potentiels non négligeables, et ce n’est pas avec Barry Lyndon qu’on va les attirer dans les salles. D’où l’apparition d’un nouveau genre, d’un appel à l’audience black, mettant en déroute les stéréotypes raciaux.

Coffy, infirmière intègre le jour, est une vigilante, une justicière solitaire animée d’un sens moral à toute épreuve. Sautant la barrière de l’enclos, elle en traque les gardiens jusqu’à la libération sans conteste de ses semblables. Ces derniers sont maintenus dans un état de léthargie avancée, drogués comme de force par un système corrompu et vicié aux mains des blancs. En déclencheur de cette folie vengeresse la sœur cadette de Coffy, LuBelle, 11 ans et camée jusqu’à la pointe des frisottis par des dealers opportunistes. Les images convoient donc un message anti-drogues peu commun en ce début des 70’s, alors qu’une génération entière s’envole dans des nuages de volutes opaques, ou se noie dans des cuillers mêlant crack et pisse, au choix.

Il convient toutefois de tempérer le caractère engagé du film : surtout ne pas voir dans le personnage de Coffy un symbole de l’émancipation de la femme, ou un manifeste de féminisme. Si Pam Grier captive le spectateur, c’est avant tout par sa vitalité et ses formes très généreuses, sa violence bestiale et sexuelle, et sa poitrine laiteuse qui nous est comme balancée à la figure tous les trois plans. Ses petits regards de louve alors qu’elle est malmenée, en difficulté, nous communiquent l’envie de tenter notre chance, nous aussi, d’attraper le fouet et de dompter le fauve.

A noter la bande son soul de Roy Ayers, à ranger au panthéon du genre, entre celles de Shaft (Isaac Hayes) et Superfly (Curtis Mayfield). Un beat épais qui participe à l’immersion dans cette forêt broussailleuse dressée de coupes afros. En ces temps lointains où, malgré l’oppression, nos frères blacks étaient noirs et fiers de l’être.

Extrait :

4 réflexions sur “COFFY, Jack Hill (1973)

  1. Pingback: Coffy La Panthère Noire de Harlem |

Laisser un commentaire